jeudi 30 septembre 2010

Plats et assiettes

Phalacrocorax aurait bien voulu reprendre le fil à repriser de l'amitié, mais se rendit vite compte que ce n'était pas chose aisée .

Si on pouvait bien repriser des chaussettes, ce que d'ailleurs personne ne faisait plus depuis belle lurette, renouer le fil de l'amitié était une autre paire de manches.

Phalacrocorax se les retroussa donc, et se mit en quête de tous ses vieux amis et admirateurs, une lourde valise sous le bras.

La valise pleine de cadeaux, il pensa pouvoir se racheter en distribuant un souvenir de son voyage autour du monde à tout un chacun.

Mais l'amitié vraie ne s'achète pas, et nombreux furent les anciens admirateurs qui lui tournèrent le dos en refusant de se faire acheter. Pour eux, le cormoran ne présentait plus aucun intérêt.

Certains commencèrent toutefois par accepter le cadeau!

Seule la Geai-linotte à tête de linotte, son amie de toujours, et quelques autres proches amis, le connaissaient bien assez pour savoir que le grand oiseau ne les avait jamais oubliés.

Pour eux, une absence, même longue, ne comptait pas, et ils savaient en outre qu'on a parfois besoin de se trouver seul avec soi-même.

Ensemble ils décidèrent d'aller fêter leurs retrouvailles à l'Auberge des Vieux Plats.

Là, entouré de ses quelques vrais amis, Phalacrocorax se sentit pour la première fois depuis le début de ses aventures vraiment dans son assiette.

L'aventurier malgré lui était redevenu un citoyen lambda, ce qui ne l'empêcherait pas de pêcher d'autres aventures sur son chemin. Ainsi que des poissons.

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L'Histoire du Cormoran, 69° épisode

mercredi 29 septembre 2010

On démolit

Hier, en début d'après-midi, j'ai fait mon tour plus ou moins habituel en ville, sous un crachin que certains appelleraient typiquement normand.

J'en ai profité pour jeter un œil sur les gros titres des journaux locaux. On y annonçait la liquidation de la Criée, dont on entendait parler des problèmes de trésorerie depuis longtemps déjà.

En passant devant les anciens locaux des Salins du Midi, fermés au moment de la crise financière, j'ai vu que la démolition était en bonne voie. Bientôt il ne restera plus rien de ces locaux que j'ai connus pour m'y être rendue plusieurs fois.

Il parait qu'on y installera le Pôle Emploi (regroupement de l'ANPE et des ASSEDIC), et il est vrai que, puisque les fermetures ne sont pas finies à Fécamp, il vaut mieux prévoir de la place pour pouvoir accueillir tous les chômeurs et sans emploi actuels et futurs.

A qui le tour? J'ai mon idée, mais je ne dirai rien pour ne pas leur porter la poisse.

Pendant ce temps on crée un port à sec pour les plaisanciers. Je ne sais plus combien de places supplémentaires. Alors, puisque tout ce monde a les moyens de s'acheter un petit ou un gros bateau, c'est que cela ne va pas si mal que cela! Non?

mardi 28 septembre 2010

Le veau égaré

Un veau s'était échappé de sous la mère et profitait de l'herbe qui, comme tous les enfants le savent, est plus verte de l'autre coté de la barrière.

La mère le surveillait discrètement du coin de l'œil, un peu inquiète de savoir comment il allait se comporter en présence de la circulation, heureusement pas très dense sur cette portion de route.

Plus nous nous approchions - très lentement pour ne pas l'effrayer - plus le veau s'approchait lui aussi du bitume.

Sa mère meuglant se mit à le rappeler, mais le veau était déjà en âge de contester et ne l'écouta pas.

Malgré tout, tout s'est bien terminé.

lundi 27 septembre 2010

Nettoyage à haute pression

Je surveillais les abords de la billetterie du Crédit Agricole pendant que DD retirait le peu d'argent dont il avait besoin dans l'immédiat, lorsque je fus distrait par un bruit sifflant de l'autre coté de la rue.

Je plissais les yeux et me maudis d'avoir oublié le pare-soleil sur mon bureau, car il y avait un beau contre-jour à réaliser en face.

Le vendeur de poissons du bateau "Imagine" était en train de nettoyer les traces de son travail, et les gouttes d'eau brillaient au soleil.

J'improvisai un pare-soleil avec ma main et appuyai sur le déclencheur de mon appareil, une fois, deux fois, cinq fois, sans rien voir, car complètement éblouie par le soleil.

Pendant ce temps, DD se fit attaquer par les braqueurs d'utilisateurs de billetterie, et je ne me rendis compte de rien, trop occupée que j'étais à faire ma photo du jour.

Heureusement il n'en était rien, DD eut ses billets, et moi, mes photos.

vendredi 24 septembre 2010

The monster

Do you remember my favourite mail box? The one for lazy car drivers?

It has recently been changed against a new modern one. One for pedestrians, as it's much higher, making my work much more difficult.

If I don't get out of my car to drop my letters in the box I have to become a contorsionist instead, drawing half of myself out of the car in order to reach the openings.

But maybe the Post Office has installed this new version of a mail box, wanting us to buy new cars.

New cars are much higher than the older ones, but I'm still fond of mine, even though it's getting older every day (just like me), so I don't think that I'll buy me a new high car for which the designers have taken model on a 4 wheel drive. Not yet, anyhow. I still have to get used to them.

I'll continue to draw myself bigger every day instead, so that I can put my letters in this new monstruosity.

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Ma boîte à lettres préférée, celle pour automobilistes paresseux, à récemment été changée contre une monstruosité moderne. Je ne peux plus glisser mes lettres dans les fentes sans faire le contorsionniste et sortir la moitié de moi-même par la vitre de la voiture.

Ceci a au moins l'avantage de m'obliger à ne pas trop grossir!

jeudi 23 septembre 2010

Seul

Phalacrocorax se sentait seul, terriblement seul. Il avait l'impression que ses amis l'avait laissé tomber comme une vieille chaussette.

En effet, depuis son retour, aucun de ses vieux amis ne s'était présenté à lui. Même pas son amie d'enfance, la Geai-linotte à tête de linotte avait daigné lui souhaiter le bonjour.

Il est vrai que le cormoran était resté absent longtemps, trop longtemps peut-être pour que ses amis se souviennent de lui et lui restent fidèles.

Ils avaient eu le temps de nouer d'autres amitiés, et il ne fallait pas oublier non plus que Phalacrocorax était parti justement parce que ses amis prenaient trop de place et voulaient tout le temps lui faire la fête.

Elle est mal faite, la vie, se dit le cormoran, on n'a jamais ce que l'on veut, sauf au moment où on ne le veut plus.

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L'Histoire du cormoran, 68° épisode

mercredi 22 septembre 2010

Eureka

Je sais enfin à qui il appartient!

Cela faisait déjà longtemps que je cherchais la maison de Fous-le-camp sans succès. Personne n'avait l'air de le connaître, tandis que lui se rendait de plus en plus présent.

Tôt le matin il était là, tard le soir pareil. Dans la journée il patientait courageusement derrière la fenêtre, en attendant qu'une porte ou une fenêtre s'ouvre. Et lui il entrait, rapide comme l'éclair, direction la gamelle de Moumoune et Nefertiti, qui se vidait en un tour de langue ou deux.

Et puis, tout à fait par hasard, j'ai appris que sa maison se trouve au bout de notre impasse.

Un jour, je suis allée chercher de l'aneth dans le jardin, et j'ai vu, comme d'habitude, Fous-le-Camp me suivre. Il le fait aussi quand je vais chercher le courrier!

J'ai donc décidé de monter chez ses maîtres, lui à mes talons. J'ai frappé à la porte, et j'ai appris que depuis une semaine il ne s'était plus montré du tout. J'ai même appris son nom, Cous-cous.

Son maître l'a rentré, m'a gentiment dit merci, et je suis repartie.

Un quart d'heure plus tard Fous-le-Camp était de nouveau derrière ma fenêtre!

Et comme il fait beau, il y a toujours une porte ou une fenêtre par où passer, alors souvent il dort dans le fauteuil devant mon bureau.

Moumoune et Nefertiti le tolèrent, à condition qu'il sache se montrer respectueux.

mardi 21 septembre 2010

Le glaneur


Qui ne connaît pas le tableau "Des glaneuses" de Jean-François Millet?

Dans chaque chaumière qui se respecte il y avait au moins autrefois une reproduction, soit des Glaneuses, soit de l'Angélus de Millet. On pouvait en trouver même sur des tasses et des assiettes.

Sur l'idée de Thérèse qui propose de jouer sur le thème "un peintre / une image", voici donc "Le glaneur d'HPY".

On ne glane plus beaucoup aujourd'hui, mais ce qui est plus fréquent, ce sont les vols dans les champs non récoltés. En effet, glaner ce qui reste après le passage des machines n'est pas très productif, alors qu'on peut - dans l'esprit de certains - fouiller sous les fanes d'un pied encore en place! Certains ne s'en privent pas, en tout cas en ce qui concerne les patates. (Parole de producteur de ma connaissance.)

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Thérèse from Chandler proposed a challenge "A painter / an image or a painting style / an image!"

I chose Jean-François Millet and his realistic painting The Gleaners from 1857 and took a photo of my personal gleaner. The Finns may notice the name on the paper bag that he filled with very small gleaned potatoes.

Would you care to be the next one to choose a painting or a painting style and then make your own photo. It's very fun, so everyone is challenged.

lundi 20 septembre 2010

Derrière le ballot de paille

Il y a quelques années, j'ai eu l'occasion d'accompagner une bande de joyeux chasseurs afin de chasser moi aussi, mais plutôt des images qu'autre chose.

Un jour j'ai été postée derrière un ballot de paille avec feu Jean-Jacques, pendant que d'autres chasseurs rabattaient des lièvres et tout ce qu'ils pouvaient bien trouver vers nous et quelques autres fusils, chacun à l'affut derrière son ballot de paille.

Si je me rappelle bien, Jean-Jacques n'a pas tiré, et personne d'autre non plus, car aucun animal ne s'est montré. Le gibier se faisait déjà rare.

Les journées de chasse se terminaient souvent par un repas, et il ne s'en passa pas beaucoup sans que mon chasseur, en grand raconteur d'histoires qu'il était aussi, amusait la compagnie avec des allusions à ce que nous aurions fait derrière ce fameux ballot de paille, tout en me faisant un clin d'œil pas discret du tout.

Il était tout heureux. Je l'ai donc laissé faire. Ce n'était pas bien méchant, après tout, et tout le monde en rigolait.

Mais Jean-Jacques était marié, et parfois sa femme assistait elle aussi au repas d'après-chasse, tout comme cela arrivait aux épouses et amies des autres chasseurs.

Un jour elle m'a prise en aparté pour me dire qu'elle n'appréciait pas du tout que je m'étais cachée derrière ce fameux ballot de paille avec son mari. J'en tombais des nues, car je n'avais jamais eu la moindre intention d'aller à la chasse à l'homme.

Et chez Jean-Jacques je n'avais reconnu que le plaisir de faire rire son auditoire.

A voir le mal partout, surtout là où il n'y en a pas, les jaloux et les jalouses ne doivent pas mener une vie facile.

vendredi 17 septembre 2010

L'église Saint-Thomas

Il nous arrive de temps à autre de traverser Gruchet le Valasse en voiture, mais il est rare que nous nous y arrêtions. Il y a plusieurs mois pourtant, nous nous sommes garés dans une petite rue perpendiculaire à l'axe principale, tout simplement pour acheter du pain dans une boulangerie du coin.

En partant nous avons continué par cette rue et c'est là que j'ai aperçu l'église à ma droite. Je me suis dit qu'elle était belle, et que cela vaudrait sans doute le coup d'aller la voir de plus près une autre fois. (Nous avons tendance à remettre nos visites à plus tard.)

Les églises sont souvent fermées, il n'est donc pas facile de les visiter, mais un jour fin août nous sommes de nouveau passés par là, en promenade, et prenant exprès la rue René Coty qui passe juste devant l'église, nous avons vu que la grande porte était ouverte.

Direction le parking en bas à gauche, et hop, nous avons monté les quelques marches pour entrer dans l'église où nous avons salué un homme affairé avec des livres et des brochures.

Selon le sacristain, car c'était lui, nous avions de la chance de trouver l'église ouverte, car on allait y célébrer des noces de trente ans un peu plus tard. D'habitude elle est fermée, comme tant d'autres églises de nos campagnes.

Nous nous sommes faits discrets - pas de flash à l'intérieur - avant de sortir et faire le tour de l'édifice. Là nous avons été interrompus par un coup de téléphone, nous obligeant à écourter la visite et de rentrer en urgence, afin d'essayer de trouver une solution pour des âmes en détresse.

La construction de l'église paroissiale Saint-Thomas Becket (archevêque de Cantorbéry) commença au 11° siècle, continua vers la fin du 16° siècle et s'acheva avec l'élévation de la tour clocher en 1894. Les matériaux de constructions sont: tuf, calcaire, pierre de taille et ardoise. Le maître autel est en marbre, et l'aspect général est, à mon avis, clair et lumineux, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur.

jeudi 16 septembre 2010

La manœuvre du Fingard

Je passais sur le quai hier après-midi lorsque le Fingard quittait le quai de la Marne où il avait déchargé son chargement de bois en provenance de Suède.

Il n'avait pas vraiment beaucoup de place pour éviter. (Tourner sur lui-même.)

Et ce qui devait arriver arriva. Il heurta le quai opposé.

Il faut dire que la marge de manœuvre est restreinte pour un si grand navire.

Une entaille, heureusement pas trop profonde, se matérialisa.

Le Fingard se mit ensuite à quai pour continuer son déchargement, de pâte de bois cette fois-ci, coté quai Verdun.

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Comme le dit DD, c'est sans doute parce que Phalacrocorax n'était pas là pour le guider que le navire eut des problèmes. On ne peut vraiment pas faire confiance aux mouettes.

mercredi 15 septembre 2010

Phalacrocorax se rend à l'église

Une âme bien intentionnée avait glissé dans l'oreille de Phalacrocorax, qu'il avait intérêt à déposer un ex-voto dans une église, afin de remercier le ciel de l'avoir conduit, sain et sauf, à travers le monde.

Le cormoran décida donc de visiter une église du coin, et entra par la première porte ouverte qu'il trouva sur son chemin.

Cette porte d'église, il l'a trouva à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau de la mer. Une bouchée de pain pour quelqu'un qui était aussi bon aviateur que sous-marin. Et aussi un bon mangeur.

Phalacrocorax entra donc dans l'église - qu'il trouva fort belle d'ailleurs - par une petite porte sur le coté avant d'en sortir très vite en maugréant: Je ne vois pas pourquoi il faudrait que je remercie le ciel, alors que mon tour du monde se passait dans l'eau!

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L'Histoire du Cormoran, 67° épisode

mardi 14 septembre 2010

Bulletin médical

Il est temps de publier mon bulletin médical.

N'ayant pas le droit d'exposer l'entaille dans mon cou aux rayons du soleil, je me promène avec un vieux foulard autour dudit cou, ce qui n'est pas vraiment très agréable quand il fait chaud, et provoque en outre des commentaires dans le style "mal à la gorge?", ce à quoi je ne peux répondre que par la positive avant d'expliquer qu'on a failli me décapiter, mais que je suis comme les mauvaises herbes, difficile à détruire.

Les gens font alors un commentaire qui me sape le moral car ils disent : "Il parait que c'est très long à guérir."

L'autre jour on m'a même dit que j'avais "vraiment une sale tête en ce moment". (Je suis pourtant heureuse d'en avoir une, même sale...)

Pour compléter ce bulletin je peux ajouter que je dors mal la nuit, quand j'arrive à dormir, et que je passe par conséquent ma journée à bailler, ce qui fait mal, car ça tire sur l'entaille.

Un peu dur à avaler, tout ça, mais je fais avec, comme on dit, car de toute façon, je ne peux pas faire autre chose.

A part cela, je vais aussi bien que mes vieux os le permettent.

Voilà, c'était mon bulletin médical.

lundi 13 septembre 2010

Les démons de Phalacrocorax

Quatre paires d'yeux brillaient dans l'obscurité. Les démons de Phalacrocorax s'étaient échappés, et ronronnaient de plaisir.

Leurs grandes oreilles dressées vers le ciel afin de mieux capter l'orage qui s'approchait, ils battaient férocement la queue pour faire monter les vents en puissance.

Bientôt l'orage éclaterait au dessus de leur tête, zébrant le ciel de ses éclairs au chocolat (ou au café, selon le goût de tout un chacun).

Les vents se déchaîneraient, laissant leurs chaînes aux fantômes pour qu'ils puissent faire peur aux enfants.

Des seaux d'eau tomberaient dans la plaine et s'y videraient. (Ceci explique pourquoi on peut de temps à autre trouver des seaux vides là où on ne s'y attend pas.)

Mais on n'en était pas encore là, et le temps restait désespérément sec.

Phalacrocorax décida d'aller prendre un bain des pieds dans ce qui restait de la mer, pendant que ses démons amélioraient la chorégraphie de la danse de la pluie.

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L'Histoire du Cormoran, 66° épisode

samedi 11 septembre 2010

13/12

Fous-le-Camp*) halusi mukaan 12 kuvan sarjaan. Siitä syystä kolmastoista kuva. Ei kovin skarppi mutta käteni taitavat vielä täristä sairaalakeikan jälkeen.

*) Lähde lätkii

mercredi 8 septembre 2010

Les hommes et les bouquets

Phalacrocorax put vite constater qu'il avait de la concurrence. Les hommes avaient appris à pêcher sans bateaux, eux aussi.

Surveillés par deux mouettes qui en avaient eu assez de piquer leur bec dans la vase pour en extirper des vers de mer, deux hommes pataugeaient dans l'eau.

A l'aide d'épuisettes et de pousseux ils espéraient bien trouver quelques bouquets à apporter à la maison.

On leur avait dit que les femmes pardonnent plus facilement un retard à l'heure du repas, si on leur offre un beau bouquet, alors s'il y en a plus d'un, c'est encore mieux.

Mais Phalacrocrax était un aventurier solitaire, et ne se souciait pas de bouquets à apporter à une épouse râleuse.

Il fit donc un plongeon dans l'eau pour se procurer lui-même le dîner.

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L'Histoire du Cormoran, 65° épisode

lundi 6 septembre 2010

Décapitée

Je me présentai devant le pharmacien qui me connaissait bien. N'y allais-je pas régulièrement?

Mais que vous est-il arrivé avec cette belle cicatrice dans la gorge? Vous avez failli perdre la tête?

C'est une longue histoire lui répondis-je.

Imaginez-vous, une nuit, je dormais dans le grand lit à coté de DD et des chats, lorsque des fantômes entrèrent par la fenêtre que j'avais laissée entrouverte malgré les protestations véhémentes des chats et de DD.

Les fantômes m'agrippèrent, et dans le but de garder l'histoire décente ils jetèrent un drap sur mon corps avant de l'emmener, pendant que DD et les chats continuaient de rêver.

Un passant aurait ainsi pu me prendre pour l'un deux, tellement nous nous ressemblions maintenant, bien que leurs draps à eux fussent blancs, et le mien bleu comme la peur.

C'était des fantômes de la Cote du Gibet, qui ayant bien festoyé voulurent se remémorer le bon vieux temps, celui où on avait encore le droit d'y pendre des gens.

Ils m'emmenèrent ainsi tout en haut de la Cote du Gibet afin de m'y pendre haut et court.

Or, depuis l'abolition de la peine de mort ils n'avaient pas beaucoup travaillé, et ils oublièrent la grosse corde réglementaire au pied du lit, où DD la trouva le lendemain matin.

Peu importe, le fil de la clôture électrique du champ voisin ferait aussi bien l'affaire, et tant pis si les vaches se dispersaient. Ce n'était pas de leur ressort.

Ils passèrent donc un nœud coulant autour de ma gorge.

Hélas pour eux, dans leur précipitation ils oublièrent de me ligoter; alors dans un dernier sursaut, au moment même où mes bourreaux retirèrent le tabouret de sous mes pieds, je pus passer mes deux pouces entre mon cou et le fil pour écarter celui-ci.

Je ne fus pas rapide assez.

Le fil fit une belle entaille dans mon cou, et je me trouvai maintenant suspendue à la plus grosse branche d'un vieux chêne, me tenant par le fil électrique et ayant plus ou moins perdu la tête.

N'ayant pas dans ma poche un sparadrap à coller sur ma blessure béante, je me mis à la recherche d'une pharmacie de garde mais n'en trouvai pas.

Une petite lumière dans une fenêtre marquée Tatouages et piercings attira mon regard. J'entrai dans la petite échoppe et mes fis mettre un collier d'agrafes au cou. C'était mieux que rien, bien que pas très esthétique à mon goût.

Mais quand le tatoueur voulut me tatouer aussi, je pris le jambes à mon cou et voilà pourquoi je me tiens maintenant devant vous.

Je n'ai point d'ordonnance mais, cher Pharmacien, j'espère bien que vous avez ce qu'il faut, pour me permettre de retrouver mes esprits au plus tôt.

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Je suis rentrée de mon absence programmée que l'histoire ci-dessus est sensée expliquer (?) mais pas encore dans un était qui me permettrait de passer beaucoup de temps devant mon bureau. J'essaierai (?) de faire un post tous les jours - j'en ai encore en stock - mais ne comptez pas trop sur mes visites - les fantômes m'ont bien eue.

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Un grand merci à Christine, Bruno et Didier qui m'ont envoyé le magnifique bouquet de fleurs, à Vanessa et à Yé-yé qui se sont déplacés pour me voir malgré leurs gros soucis, et bien entendu à DD qui, me remplaçant au bureau a aussi trouvé le temps de venir me voir à la clinique midi et soir.

vendredi 3 septembre 2010

Dans la vase

Les bateaux de pêche avaient déserté le chenal d'accès à St Valéry en Caux.

Il avait fait tellement sec tout l'été que toute l'eau s'était retirée.

Quelques mouettes picoraient ce qu'elles pouvaient bien trouver dans la vase en attendant le retour de la pluie.

Le poisson mord mieux quand il pleut, disent certains pêcheurs à la ligne, et tout en espérant ne pas être mordues, les mouettes souhaitaient le retour, et de l'eau, et des bateaux de pêche qui ravitaillaient les étals sur les quais.

Elles avaient envie de se mettre un poisson sous la dent.

Seul le bateau de secours était resté bloqué dans une flaque d'eau. Il n'était d'aucune utilité pour les mouettes.

Ni pour les bateaux en détresse, se dit Phalacrocorax, tout content de savoir pêcher sans bateau.

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L'Histoire du Cormoran, 64° épisode

jeudi 2 septembre 2010

Délavée

Une petite promenade dans les terres suivit sur le programme du cormoran. Il avait envie de voir autre chose qu'une étendue d'eau et de saluer quelques vieux copains.

Mais le chevreuil de la prairie d'or n'était pas là, ni les belles fleurs jaunes. Les lapins se réfugiaient dans leurs terriers et les pies avaient la gorge trop sèche pour chanter.

La sécheresse s'était installée.

Seule une vache de couleur délavée broutait du foin sur pied.

Qu'était-il arrivé aux amis de Phalacrocorax?

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L'Histoire du Cormoran, 63° épisode

mercredi 1 septembre 2010

Huileux

Depuis son retour Phalacrocorax avait décidé de continuer ses voyages, tout en restant dans un cadre qui lui avait manqué pendant une longue année, bien qu'il ne voulut l'admettre, ni devant ses admirateurs, ni surtout devant ses détracteurs.

Une de ses premières visites fut donc pour le bassin Bérigny où il se demanda comment des bateaux à voile pouvaient se mirer dans une mer d'huile. A priori ces bateaux-là ne laissaient pas échapper de grosses quantités de produits pétrochimiques.

Rien à voir avec les oléoducs qu'on installait dans toutes les mers du monde en disant qu'il n'y avait aucun danger.

Et puis, si cela pouvait faire d'un cormoran une grosse huile, qui s'en plaindrait?


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L'Histoire du Cormoran, 62° episode

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